"Dans un univers de cyclistes, seuls les sophistes freinent, les autres se graissent la patte"

Le Moine Fou Barbapou

samedi 30 janvier 2016

L'eau claire du bayou

Un petit tour chez ce qu'on appelle chez nous un Cash (ils peuvent être joyeux, faciles voire convertisseurs) m'a permis de rapporter à la maison le "Live In Europe" de Creedence Clearwater Revival, énorme groupe du début des 70's, vite épuisé par la gloire et les tournées, mais restant éminemment respectable tout au long de son existence.
Une de mes sœurs possédait "Cosmo's Factory" dont la pochette m'a intrigué longtemps avant que je ne m'essaie à l'écouter.

Ces rockers avaient l'air cool, ils faisaient du vélo sur la moquette et portaient des chemises à carreau, pas très menaçant tout çà...
Quand je me suis décidé à écouter Cosmo's Factory, j'ai entendu une voix nettement moins douce que celle de Paul ou même de John, çà a été mon premier contact avec un rock brut et âpre, retournant aux origines, oubliant les fioritures mais pas les chansons. Il y avait ce morceau très long au début de la face 1, "Ramble Tamble" une espèce de jam session qui semblait interminable à mes jeunes et impatientes oreilles, mais dont je percevais déjà le côté hypnotique qui continue à me le rendre indispensable. Il y avait "Who'll stop the rain", une des deux seules mais sublimes ballades du disque. Il y avait "I heard it through the grapevine" en version encore plus longue que "Ramble Tamble", dont je n'ai découvert que des années plus tard qu'il s'agissait au départ d'une chanson de Marvin Gaye. Ce groupe savait s'approprier les reprises.
Plus tard, quand je suis arrivé à Paris, j'ai appris que c'était un peu la honte d'aimer ce groupe primitif, surtout fait pour danser dans les boums, CCR était volontiers mis dans le même sac bourrin que Status Quo.
C'est quelques années après, quand Springsteen a dit tout ce qu'il devait à John Fogerty, qu'il a été à nouveau possible d'avouer qu'on aimait çà...

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Le "Live In Europe" est un double album qui dans mon souvenir était disponible en mid-price. Mon copain Vincent P. l'avait, mais on écoutait plutôt Emerson Lake & Palmer et Alice Cooper quand j'allais chez lui le mercredi après-midi, ou Au Bonheur Des Dames, en tout cas pas CCR live in Europe ! Moi, je m'étais acheté, un de mes premier 33 tours, la double compilation Chronicle qui venait de sortir, avait une bonne courte critique dans R'n'F et qui surtout n'était pas chère. Le nerf de la guerre.. Je découvre donc aujourd'hui ce live, enregistré tardivement dans la carrière du groupe, alors que Tom Fogerty était déjà parti et qu'ils fonctionnaient donc en power-trio. Son moyen, très moyen par moment, mais John se défend bien à la seule guitare et on a encore de longues jams qui mettent en forme les joueurs de air-guitar.
C'est là.



lundi 11 janvier 2016

Lemmy

Morrison ou Janis diraient que c'est pas très chic de décéder à 69 ans, alors qu'à 27... Lemmy a attendu d'avoir juste 70. Bowie va-t-il créer un nouveau club des rock-stars disparues ?
Je n'étais pas un fan hardcore du beau David, mais il faut bien admettre qu'il a fait des grandes choses, surtout, et je suis loin d'être original, dans les années 70.

En guise d'hommage, "A Song For Ziggy" par Jérôme Soligny (spécialiste n°1 en France de Bowie) sur la compilation "Bandes De France Vol. 1" (1981), "Unisex", peut-être la chanson la plus Bowienne de Patrick Juvet et le maitre lui-même reprenant en live en 2003 sa version du Pablo Picasso des Modern Lovers.
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Et puis enfin, le lien pour l'émission de Michka Assayas sur France Inter diffusée quelques heures avant l'annonce de la mauvaise nouvelle, intitulée "Bowie et ses Maitres" (thanks to M-KiKi@labaule.fr).

jeudi 7 janvier 2016

Original Sin

Le voilà mon péché originel. C'est à cause d'eux que je ne suis jamais devenu un vrai rocker attaché à "la cause", que je suis resté un mou du genou prêt à aimer Alain Souchon et les Sex Pistols, les dB's et Fleetwood Mac version californienne, Bijou et Téléphone, voire les Beatles et les Stones...

J'avais 10 ou 11 ans, et ils étaient énormes avec "Crazy Horses" qui n'est pas mon titre préféré, mais qui est le plus proche du son de l'époque, du Hard Rock Glitter efficace qui a été je pense leur plus gros tube.

Quand on réécoute de la manière la plus impartiale possible (ce qui est loin d'être mon cas ...) ce qu'ils enregistraient à l'époque, on remarque la voix rauque du lead singer (Alan ? Wayne ? Merril ? Jay ?), parfois pas si loin de Rod The Mod (là, j'y vais franchement fort!), on note qu'au moins un album a été enregistré à Muscle Shoals, ce qui n'est pas rien.
Certes, on retient aussi la copie blanche des Jackson Five ("One Bad Apple"), puisqu'ils ont été à une certaine époque "vendus" comme çà.

J'avais donc 10 ans et une de mes sœurs avait acheté Crazy Horses, que j'ai probablement plus écouté qu'elle. Au mois d'aout 73, deuxième (et pour l'instant dernier) séjour en Angleterre pour le mariage de mon frère ainé, achat dans un supermarket de Peterborough du 45 tours "Goin' Home/Are You Up There?". Mon tout premier investissement vinylique. Pas de possibilité d'écoute sur place, nous étions dans une caravane, mais écoute intensive lors de notre retour en Lorraine. Je lisais les "Mlle Age Tendre" et "Salut les Copains" de mes sœurs, ce qui me permettait d'avoir des informations fascinantes : les Osmonds étaient parrainés en France par Line Renaud (comme Johnny 12 ans avant), ils étaient de religion Mormon, ce qui leur permettait d'être polygames (cool), ils étaient les nouveaux Beatles (j'y ai cru !). Rien de tout çà ne me surprenait ou me choquait à l'époque, pas de MC5, de Stooges, ni même de T.Rex ou de Bowie, les Osmonds uniquement. Mon copain Thierry avait reçu pour Noël l'album "Crazy Horses" sur la couverture duquel ils posaient dans une casse de voitures, de vrais et dangereux punks avec des sourires Ultra-Brite qui ne les quittaient jamais !! Je pense que c'est le premier album qu'il avait reçu en cadeau. Nous écoutions çà en boucle, trop cool de ne pas être obligé de se lever pour changer de disque après chaque chanson. Notre fanitude allait loin, jusqu'à avoir acheté des singles de Little Jimmy Osmond, le petit frère qui avait à peu près notre âge

Cet album est loin d'être nul, les frères écrivent et jouent leurs chansons, ils co-produisent et ne sont pas de simples marionnettes, c'est le cas aussi pour l'album "The Plan" d'où sera extrait "Movie Man". Mais pour moi, pas d'album à l'époque, uniquement des singles, usés jusqu'à la corde pour certains, le dernier pour moi sera "Love Me For A Reason", ils n'écrivent plus et chantent du mielleux mélodique, j'adore, même si je suis passé à autre chose. La honte totale !


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lundi 4 janvier 2016

In The Crowd

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Un (je l'espère) court arrêt de travail m'a permis de revoir "Un enfant dans la foule" film de Gérard Blain vu à l'époque de sa sortie en 1976, un des premiers films que j'étais allé voir tout seul comme un grand. J'étais en troisième, j'avais adoré, mais ne suis pas sûr d'avoir tout compris à l'époque. Je ne l'avais jamais revu jusqu'à maintenant.
L'histoire d'un jeune garçon dans les années 30 et 40, mal aimé par sa mère et sa sœur, père absent, ambiance bien glauque pour un gars simplement en demande d'amour. Relations avec des hommes mûrs, plus ou moins tarifées.
Le héros tombe amoureux d'une jeune fille qu'on voit à peine dans le film, alors que je me souvenais essentiellement d'elle. Je ne m'aperçois qu'aujourd'hui en regardant le générique que cette jeune actrice, Valérie Lechat, était dans mon lycée une classe en dessous. Je me rappelle qu'à l'époque, je lui trouvais un air de ressemblance avec la fille du film, le gars plutôt physionomiste finalement...
Gérard Blain, que l'on voit tel Hitchcock un court instant à la fin du film, était un acteur de la Nouvelle Vague, çà se retrouve dans le jeu des acteurs, dans la mise en scène très sobre, dans l'absence d'acteurs connus.
Certes, le comique du film m'échappe un peu, mais c'est une œuvre émouvante, avec des scènes intenses comme celle ou Paul manifeste sa solidarité avec une femme tondue à la libération, sans aucun voyeurisme.
Et en plus, j'ai revu Valérie Lechat !